En cette Journée internationale des droits des femmes du 8 mars 2019, nous avons donné la parole à des femmes entrepreneurs engagées. Comment vivent-elles leurs réussites dans des secteurs parfois réservés aux hommes, que révèlent leur parcours ? Elles bousculent les idées reçues et viennent renforcer l’évidence que femme ou homme, on a tous notre place dans le monde entrepreneurial !
Carole Nouvion est gérante de Mondial Tissus à Peipin et a co-géré un bar-tabac avec son mari. Très engagée, elle est présidente de la CPME 04 et membre du CESER régional.
Carole, en tant que femme, avez-vous été confrontée à des attitudes sexistes de la part de vos pairs dans le milieu entrepreneurial ?
Dans certaines instances économiques, lors de réunions dans des milieux masculins « vieille école », oui. Mes analyses étaient décrédibilisées — sous couvert d’humour — par des allusions à ma condition de femme : « les femmes veulent toujours avoir raison », elles ont « l’esprit de contradiction »… Je pense que c’est une question de génération : les jeunes générations ne reproduisent plus ces clichés. Par exemple, au CESER, les jeunes femmes assument très naturellement leur place et leurs compétences (organisation, gestion…).
Avez-vous vu des différences d’attitude envers votre statut de gérante, entre votre ancien bar-tabac et votre magasin de tissus récemment ouvert ?
Les hommes considèrent plus facilement que la couture et le textile sont une affaire de femme ! Ma légitimité dans ce domaine est donc très respectée. En comparaison, être gérante d’un bar tabac, c’est être une femme dans un environnement plutôt masculin. Nous étions co-gérants avec mon mari, mais la clientèle masculine (plutôt âgée) avait du mal à me considérer comme telle. Certains clients avaient une vision assez traditionnelle de notre binôme : l’homme gère, et la femme excelle dans l’accueil, le service et les tâches ménagères…
Est-on plus exigeant envers les femmes qui réussissent qu’envers leurs homologues masculins ?
Dans certaines entreprises on pardonne plus facilement à un homme qui a des responsabilités quand il se trompe. Une femme elle sera « attendue au tournant », on ne manquera pas de lui rappeler son erreur, sa mauvaise gestion.
Sentez-vous que les choses évoluent, que les jeunes s’affranchissent de ce modèle traditionnel de la femme dans le monde du travail ?
Oui absolument ! Les jeunes femmes ambitieuses doutent moins, se sentent à leur place et ne se laissent pas intimider. C’est signe de changement de mentalités et je m’en réjouie ! Il faut réaliser ses projets, peu importe si l’on est une femme ou un homme.